Dubouloz J., « Gouverner l’empire, se gouverner soi-même : réflexions sur la notion de maiestas dans la littérature de la République et du Principat », dans K. Berthelot dir., Reconsidering Roman Power : Roman, Greek, Jewish and Christian Experience, International conference of the ERC program Judaism and Rome, Rome, 10-12 mai 2017, École française de Rome, Rome, 2020.
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Résumé : Les magistrats romains sont-ils les représentants de Rome jusque dans leurs comportements privés ? L’article a pour objectif d’étudier la place accordée au gouvernement de soi dans la qualification des magistrats et sénateurs à gouverner l’empire. L’étude prend pour point de départ une anecdote au centre de la Controverse 9.2 de Sénèque le père, à propos de L. Flamininus (cos. 192 a. n. è.), ses différentes versions et les textes qui peuvent en être rapprochés (chez Cicéron et Tacite, surtout). Il apparaît que la question du comportement privé des magistrats occupe déjà une place dans le procès de repetundis de la République, mais qu’elle constitue surtout un enjeu sous le Principat : c’est la majesté de Rome qui est mise en danger par le comportement personnel de ses représentants. De ce fait, l’ethos personnel, composante essentielle dans la définition de l’aristocratie romaine de gouvernement, devient aussi un instrument du contrôle exercé sur la classe dirigeante par l’empereur, mais aussi par elle-même, de manière intériorisée.
Summary : Did Roman magistrates represent Rome not just in their official capacity but also in their private behavior? To what extent was it necessary for a magistrate or a senator to rule over himself to be considered fit to rule Rome’s subjects? The point of departure of this study is an anecdote attributed to L. Flamininus, cos. 192 BCE, which is known mostly as the argument of one of Seneca the Elder’s Controversiae (9.2), and which evinces a meaningful network of intertextual links with various texts, mainly from Cicero and Tacitus. It appears that while the consideration of moral standards was not unknown in the republican de repetundis trials, they were most prominently taken into consideration during the period of the Principate: the majesty (maiestas) of Rome appears to be potentially threatened by the personal behavior of her representatives. Personal ethos thus not only plays an important part in the very definition of the Roman ruling class; it is also used by the emperor as a tool to control the elite, as well as by the elite itself as a tool of self-repression.